Vendredi 14 décembre – En Zone évacuée – Iitate et Minamisouma

Photo : Village évacué mais des habitants reviennent régulièrement pour nourrir leurs animaux domestiques et parfois y passer la journée.

 

Après un voyage de 30 heures environ et une nuit réparatrice à Fukushima, nous nous rendons en bus avec d’autres délégations européennes, américaines et australienne dans  le village Iitate, classé en «zone 2 : où les habitants n’ont pas le droit d’habiter pour le moment ».

(Sachant qu’il existe 2 autres zones :

Zone 1 : où les habitants devraient pouvoir revenir dans qq temps.

Zone 3 : Où les habitants ne pourront pas revenir très longtemps.

De plus, ces zones sont fluctuantes , ce qui rend les décisions difficiles !)

Iitate est situé dans les montagnes à 40 km de Fukushima Daïchi.

Imaginez un village fantôme, qui était réputé pour ses bons légumes bio ainsi que pour l’élevage de boeuf, très apprécié.

Il y a eu plusieurs cas de suicide parmi les habitants obligés de quitter leurs terres. Mais avant leur évacuation, ils sont restés plusieurs jours confinés chez eux, sans aucune consigne de la préfecture.

Les enfants ont joué dans la neige qui était tombée ce mois de mars 2011.

Mais finalement, nous découvrons que des décontamineurs travaillent  en combinaison, masque et gants à plusieurs endroits du village en aspergeant de l’eau. Le gouvernement a dépensé 50 millions de Yen par personne pour effectuer ce travail de décontamination à Iitate, soit 500 000 € par personne !

Nous notons aussi que la circulation automobile est assez dense sur la route principale. En effet, c’est une route fréquentée qui relie la côte et la montagne et de nombreux conducteurs n’hésitent pas à l’emprunter malgré le fort taux de radioactivité.

Et les guides nous signalent la présence de quelques personnes qui viennent pour la journée dans leur ancien domicile, y nourrir le chat ou récupérer des affaires.

Ce que les personnes évacuées trouvent choquant est que tout se soit fait dans le secret, sans réunions publiques et perçoivent 100 000 Yen (1000 €) par mois pendant « quelques » temps et sont exonérés d’impôts et de couverture sociale. Des familles avec enfants touchent davantage et cela crée des conflits dans la communauté. Maintenant, on évacue au-dessus de 20 MsV.

 

Nous nous rendons ensuite à Minamisouma, une « petite » ville classée Zone 1, donc moins polluée par la radioactivité. Cependant 20 000 habitants sur 70 000 ont choisi de quitter la ville, principalement les femmes avec les jeunes enfants qui sont donc séparés de leur père. Ce dernier reste souvent pour pouvoir continuer à travailler.

Selon une enquête, 89 % des gens sont inquiets pour leurs enfants et 33% d’entre eux voudraient partir, mais ils n’en ont pas les moyens. Une association permet à ces enfants de partir en vacances pour les éloigner régulièrement de leur ville polluée par la radioactivité.

 

Mais je voudrais insister sur le taux de radioactivité.

Dosimètre déconnecté du sol.

Il existe des appareils de mesure à différents endroits de ces zones, mais leurs données sont toujours inférieures à celles de nos radex. Parfois il s’agit de multiplier les données par 2 voire 3. En fait, les dosimètres sont installés sur des plaques isolées du sol ! Les habitants se plaignent beaucoup de l’inexactitude des mesures et traitent TEPCO de menteur. Le fait de minimiser les doses évite l’évacuation et permet de faire des économies au détriment de la santé de ces Japonais.

Les témoignages de nos guides qui sont originaires de ces villages sont très touchants, mais ils sont moins résignés qu’il n’y paraît ! Un groupe de 1400 habitants se préparent à intenter un procès à TEPCO, car ils prennent enfin conscience d’avoir été traités de manière totalement irrespectueuse et ils sortent de leur position de victimes pour réclamer justice.

 

 

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