Samedi 15 décembre – Conférence Internationale de l’AIEA – Koriyama
Aujourd’hui a lieu la Conférence Internationale de la Sûreté Nucléaire organisée par l’AIEA à Koriyama, à 15 min de Fukushima, dans une salle de congrès appelée « Big Palette ». Un nombre impressionnant de CRS et de policiers l’encercle. Nous n’y sommes pas les bienvenus et allons rejoindre les manifestants nucléaires, au nombre de 200 environ, qui nous accueillent à bras ouverts. Grand moment d’émotion…
Il faut savoir que juste à côté de cette salle ont été montés des logements d’urgence pour les évacués . Ils ont été installés sur un grand parking goudronné, sont habités .. et nous y avons mesuré la radioactivité : elle atteint 1 microsievert/h. Nous ressentons tout cela comme une vraie provocation de la part de l’AIEA.
Devant le bâtiment, la représentante de l’AIEA reçoit les groupes associatifs qui lui remettent leurs demandes, notamment leur refus de voir installer 2 centres de recherche « environnementaux » (sic) sur les territoires évacuées. Des femmes témoignent de leur vécu et c’est très touchant.
Et nous scandons avec eux Saïkado Hantaï, ce qui signifie « Non au redémarrage ! »
En effet, 2 réacteurs ont été remis en marche et ils craignent qu’il y en ait d’autres.
Puis Conférence des Maires pour un monde sans nucléaire
80 maires de la région de Fukushima et d’ailleurs sont membres de ce groupe.
Ils y expriment leur désarroi lors de l’accident, car ils ne recevaient aucune consigne et accusent l’Etat de ne pas les avoir aidés. Ils ont appris les évènements à la TV américaine !
Un ex préfet ainsi que Pascal Durand et Karima Delli d’EELV prennent la parole … lorsque le bâtiment se met à trembler pendant quelques secondes !! Nous saurons qu’il s’agissait d’un séisme d’amplitude 5. Très impressionnant ! Mais la réunion continue, comme s’il ne s’était rien passé.
Des experts présentent le processus de la transition énergétique :
– Mycle Schneider, consultant en énergie et politique nucléaire, conseiller des ministres Voynet et Cochet, nous parle de la situation énergétique actuelle : les USA et la France produisent la moitié de la production électrique nucléaire mondiale ! Et la France la moitié de la production européenne.
– Uwe Fritsche, PDG et directeur scientifique de l’Institut International de l’Analyse et des Stratégies de Durabilité (IINAS) de Darmstadt, nous parle d’énergies renouvelables
– Mickaëlle, une conseillère en énergie d’un EIE du Vaucluse présente « négaWATT ».
Puis des questions diverses sont abordées lors du débat : coût du nucléaire, contamination des enfants, projets de voyage pour eux afin qu’ils puissent « ramasser des branches » et « se cacher dans un bosquet », contamination des sols (au-dessus de 8000 beq par kilo, ils sont traités comme des déchets industriels, c’est-à-dire enfouis dans des fosses bâchées), construction de logements à prévoir pour les évacués qui ne doivent rester « que » 3 ans dans leur logement d’urgence.
Lors de la conférence de presse qui s’ensuit, les maires lisent un communiqué, dans lequel ils demandent :
– la redéfinition des zones d’évacuation.
– de l’aide internationale
– uns Loi d’Aide aux enfants sinistrés.
Nous leur parlons de notre situation nucléaire en France, avec un système centralisateur finalement très semblable au leur et leur proposons de rester en contact pour mutualiser nos forces.
Nous ne savons pas exactement quelles sont les compétences des maires au Japon, mais nous les avons sentis très démunis et prêts à pallier le manque de soutien de l’Etat. Ils disent que l’accident remet profondément en cause la démocratie au Japon.
Cette situation est d’autant plus difficile qu’elle est totalement inédite, car contrairement à Tchernobyl, ils ont le projet de décontaminer leurs terres.
Pour finir la journée, en route pour le Women Group for a Nuclear Free World:
Ce groupe s’est créé spontanément après l’accident car elles sont « en colère ». Elles en ignorent le nombre d’adhérents, c’est un groupe non structuré, qui fonctionne bien grâce à Internet..
Leur premier sit-in a eu lieu le 27 octobre 2011. Elles se sont rendues célèbres en montant un campement devant le parlement à Tokyo.
Il y avait également des hommes à cette soirée. Ils étaient tous touchés par notre présence et ont expliqué que, si ce groupe fonctionne, c’est parce que « les femmes de Fukushima ne sont pas silencieuses ».
Nous n’avons donc pas pu assister à la conférence de l’AIEA, ni rencontrer Delphine Batho qui devait s’y rendre.
Mais nous nous sommes sentis vraiment à notre place auprès de ces 3 groupes. Et je pense qu’ils ont apprécié notre soutien.
Saïkado Hantaï !!!