Débat sur l’énergie – Session du 30 janvier 2012
Position du groupe Europe Ecologie Les Verts
Nous partageons globalement les constats émis dans le rapport qui nous est soumis aujourd’hui.
Dans le contexte mondial actuel, nous devons affronter 4 contraintes :
– la raréfaction des ressources fossiles, donc une augmentation importante du prix de l’énergie
– le changement climatique incontestable désormais, dû aux émissions de GES
– les accidents graves, tels que Tchernobyl, Fukushima, mais aussi l’Erika et autres dégazages
– la gestion de la pollution et des déchets, notamment radioactifs.
Ces phénomènes, amplifiés par la crise financière actuelle, les crises socio-économiques et les problèmes géopolitiques que nous connaissons. ont de fortes conséquences humaines et environnementales .
Malheureusement, dans un tel contexte, il n’existe aucune solution technique sans impact écologique, financier ou social : la seule énergie vertueuse est celle que l’on ne consomme pas.
Car, si on se contente de développer les énergies renouvelables sans faire d’économies d’énergie, nous perdrons notre temps à courir après les énergies renouvelables dans les décennies à venir.
Dans le vœu voté par l’assemblée régionale en septembre 2011, nous avons souhaité que notre pays s’engage vers la sortie progressive du nucléaire ; or, sans une réduction forte de nos consommations d’énergie, cet objectif est inatteignable.
C’est pour cela que le programme EELV pour 2012 propose, afin d’atteindre une réduction des émissions de CO2 de 32 % d’ici 2020,objectif préconisé par le GIEC, des mesures fiscales couplées aux programmes d’économie d’énergie dans les bâtiments et dans les transports.
Notre pays, dans le concert européen, présente ce qu’on appelle la « spécificité française » : sclérosé par les lobbies pétrolier et nucléaire, nous n’avons jamais su sortir de cette double dépendance et prendre le virage énergétique après 1973 en développant un mix énergétique !
Nous seuls dépendons toujours à 80% du nucléaire pour produire notre électricité, nous seuls vivons dans l’illusion d’une électricité bon marché car le prix du kwh n’inclut pas les coûts de construction, de démantèlement des centrales et le traitement des déchets qui ont été ou seront payés par nos impôts.
Nous pouvons diviser nos consommations par 2 ! Nous avons encore un potentiel de réduction considérable en tenant compte de 3 paramètres :
– du contexte (densifier les villes, développer le frêt, …)
– des équipements en réhabilitant le bâti ancien, en achetant des appareils ménagers moins énergivores…et plus durables
– mais aussi en travaillant au niveau du comportement des citoyens en leur permettant de limiter les déplacements subis et en proposant des alternatives au véhicule individuel coûteux et polluant, par ex.
En effet, l’évolution de nos modes de vie nous amène à des consommations énergétiques de plus en plus importantes.
Il nous faut donc sortir du pétrole ET du nucléaire !
– Du pétrole, car les réserves seront épuisées dans 50 ans
– et du nucléaire ! Outre le fait que les réserves d’uranium à l’étranger sont également limitées, nous connaissons tous la dangerosité du fonctionnement des centrales et des déchets.
– Quant à l’impact économique de cette énergie, selon l’étude menée par Global Chance, une sortie totale du nucléaire coûterait à la France 60 milliards d’euros de moins qu’une poursuite du programme et permettrait de créer d’ici 2020 plus de 600000 emplois qualifiés et non délocalisables dans les économies d’énergie et les énergies renouvelables et la mise en place et structuration de nouvelles filières de production industrielle et de distribution.
Face à cette situation, que peut faire la Région avec l’état et les acteurs économiques ?
– EELV partage certaines orientations figurant dans le rapport présenté aujourd’hui : réduction des consommations pour les transports et les bâtiments, priorité aux éco-matériaux, autonomie et développement économique et industriel du territoire par la diversification du bouquet énergétique, développement des énergies renouvelables, …
En revanche, nous préconisons une politique plus ambitieuse dans les domaines suivants :
– Développement de la formation à l’isolation thermique, en particulier pour le secteur de l’artisanat, dans le neuf et la réhabilitation
– renforcement de l’aide régionale à l’isolation du bâti ancien (des dizaines de milliers d’habitations en Poitou Charentes..)
– isolation du patrimoine régional (lycées, CFA…) et réduction de nos consommations pour une cohérence du discours et l’exemplarité.
– Dans un partenariat avec les collectivités locales et l’Etat, faire en sorte qu’aucun Picto-Charentais, vivant en milieu rural ou urbain, ne soit à plus de 10 minutes d’une solution de transport en commun ou de transports partagés ( véhicules, automobile ou vélo en tant partagés, aires de co-voiturage, taxis collectifs, transports à la demande ) .
– Mettre en œuvre une éco-conditionnalité de toutes les aides apportées par la Région (BRDE, FRIL….)
– Développer d’une façon plus diversifiée notre soutien aux énergies renouvelables, notamment à l’éolien terrestre et off-shore, sans lequel nous n’atteindrons pas les 23% d’énergies renouvelables en 2020.
– Favoriser l’anticipation des mutations technologiques liées au contexte énergétique et climatique par le tissu économique régional, ce qui doit nous conduire à un vaste programme de formation, de soutien à la recherche.
– Encourager le développement d’une filière globale autour du bois-énergie, qui représente déjà 92% de la production d’énergie renouvelable en Poitou-Charentes mais présente des potentiels importants de développement, tant dans l’exploitation forestière que dans la transformation en combustibles, isolants, éco-matériaux…
– Mettre en oeuvre un secteur de recherche et développement autour de l’éolien off-shore, nous permettant d’être réactifs et de participer, lorsque les conditions technologiques seront remplies, à son développement en partenariat avec les autres régions de la façade atlantique.
– Développer une écologie industrielle pour maîtriser les flux d’énergie, de matière, d’eau et arriver à des écosystèmes industriels ; les entreprises s’organisent en utilisant l’énergie produite par les unes, en valorisant les déchets des autres,,, dans l’intérêt commun. C’est ainsi que nous redévelopperons un tissu industriel local porteur d’emplois.
– Enfin, nous considérons que la connaissance des enjeux énergétiques et climatiques de nos concitoyens est essentielle pour permettre à chacun et chacune de mesurer l’impact de nos actions et les évolutions à envisager. Il est donc essentiel de renforcer l’action de l’éducation au développement durable pour tous, tout au long de la vie. Une communication plus large doit être envisagée auprès de chaque citoyen pour le sensibiliser aux ECOGESTES.
– Et pour avoir accès à toutes les mesures que nous proposons, encore faut-il savoir qu’elles existent..Ce soutien n’aura de sens que si la collectivité région montre l’exemple dans son fonctionnement interne , et mette en place une réelle politique de réduction énergétique au quotidien , via par exemple un Agenda 21 interne .
La transition énergétique est obligatoire et positive !
Sachons l’anticiper !
Avec de tels engagements, nous pensons que la Région pourrait contribuer à atteindre les principaux objectifs du scénario Négawatt 2011, soit la diminution de 65% de notre demande en énergie primaire et la division par 16 des émissions de CO2 en 2050, ainsi que la production locale d’énergie, accessible à tous, garantie par l’Etat.
Notre politique énergétique serait enfin démocratique CAR les stratégies énergétiques nous concernent tous, en tant qu’ élus, mais aussi en tant que citoyens.